
Bataille de Jérusalem (1917)
La bataille de Jérusalem (turc : Kudüs Muharebesi) est une bataille de la Première Guerre mondiale. Elle fait partie de la campagne du Sinaï et de la Palestine et oppose les forces de l’Empire britannique à celles de l’Empire ottoman soutenu par l’Allemagne. Elle consiste en une série d’opérations livrées en novembre et décembre 1917 dans le sud de la Palestine, alors partie de l’Empire ottoman, et s’achève par la victoire des Britanniques et de leurs alliés australiens et néo-zélandais qui s’emparent de Jérusalem.
Contexte militaire
Les forces britanniques de l’Egyptian Expeditionary Force, basées dans le sultanat d’Égypte sous protectorat britannique et commandées depuis juin 1917 par Edmund Allenby, ont repoussé deux offensives ottomanes contre le canal de Suez en 1915 et 1916. Avec le concours du Desert Mounted Corps, corps de cavalerie australo-néo-zélandais, elles se sont assuré le contrôle du désert du Sinaï et ont pris pied dans le sud-ouest de la Palestine où elles remportent la bataille de Beer-Sheva le 31 octobre 1917 suivie de celle de Mughar Ridge (en) le 13 novembre. Elles ont construit un chemin de fer traversant le Sinaï (en), à voie étroite, prolongé jusqu’à Deir el-Balah près de Gaza, pour assurer leur logistique depuis l’Égypte et se préparent à une nouvelle offensive1.
Le ravitaillement reste cependant le point critique de la guerre du désert. Les 25 000 chevaux du Desert Mounted Corps consomment plus de 100 tonnes de grain par jour. Une centaine de camions, plus des convois de chameaux et de mules, avec la main-d’œuvre des Égyptiens de l’Egyptian Labour Corps, sont nécessaires à son approvisionnement2.
En face, les Germano-Ottomans mettent en place une nouvelle grande unité, le groupe d’armées Yildirim (en), commandé par le feld-maréchal allemand Erich von Falkenhayn. Celui-ci, à la suite d’une visite au secteur de Gaza les 9 et 10 septembre 1917, décide de donner la priorité au front de Palestine plutôt qu’à celui d’Irak également menacé par l’avance britannique. Entretemps, Enver Pacha, ministre de la guerre et chef effectif du gouvernement des Trois Pachas, intrigue pour écarter son rival, Djemal Pacha, du théâtre d’opération principal : le commandement de Djemal à la 4e armée ottomane est réduit aux régions côtières et intérieures de la Syrie ottomane, ainsi qu’au Hedjaz, à l’exclusion du front de Palestine3.
Le groupe d’armées Yildirim s’installe en position défensive : la 8e armée, commandée par l’Allemand Friedrich Kress von Kressenstein, campe sur la côte devant Jaffa, tandis que la 7e armée, commandée par Fevzi Pacha et fortement éprouvée dans les batailles précédentes, se replie vers les monts de Judée et commence à y construire des
Falkenhayn, comparant la situation du groupe Yildirim à celles qu’il a connues sur les fronts européens, sait qu’il ne pourra pas construire une ligne de défense solide faute d’ingénieurs, de matériel de fortification et d’artillerie lourde. À la place, il prévoit une série de lignes défensives provisoires et de contre-attaques ponctuelles permettant de gagner du temps. Cependant, l’efficacité de cette tactique est limitée par le manque de mobilité de ses forces et par le mauvais moral des soldats, surtout des conscrits arabes recrutés sur place et qui commencent à déserter en nombre4.